Conte sur les santons
Publié le 24 Mars 2009
Chèr(e)s ami(e)s,
Aujourd'hui je souhaite vous proposer un adorable petit conte que j'ai lu et relu et qui me tient à coeur, il est extrait d'un magazine du pays niçois "Sourgentin" daté du mois de décembre 1993 et il est de Hélène Galli.
Aujourd'hui je souhaite vous proposer un adorable petit conte que j'ai lu et relu et qui me tient à coeur, il est extrait d'un magazine du pays niçois "Sourgentin" daté du mois de décembre 1993 et il est de Hélène Galli.
Je l'ai trouvé tellement beau et touchant que je n'ai pas résisté à la tentation de faire une petite mise en scène pour l'illustrer, les photos et mises en scène sont de moi.
"La petite collectionneuse
C'était vraiment de beaux santons d'argile, bien moulés, artistement peints, expressifs.

"La petite collectionneuse
C'était vraiment de beaux santons d'argile, bien moulés, artistement peints, expressifs.

Santons Pierre Cadoret (foire de Marseille, noël 2007)
Quand il les regardait, le santonnier se sentait tout fier de ses mains qui les avaient façonnés, cependant que le saisissait un sentiment d'humilité comme si quelque esprit vigilant l'avait aidé à refaire le geste bouleversant qui créa l'homme. Il avait presque envie de s'agenouiller et de leur réciter les vieilles prières mal oubliées que sa mère lui apprenait quand il était enfant. Il lui semblait que chaque foyer, pour être heureux le soir de Noël, se devait de les disposer près de la lampe qui éclaire ou de la cheminée qui crépite. Il aurait alors travaillé jour et nuit pour que nul n'en fût privé...Aussi l'été, allait-il les présenter sur les places des villages, au moment des foires.

Aubagne 2008

Santons Didier (foire de Marseille 2007)
Me croirez-vous? C'était toujours la même chose: il dressait ses tréteaux, déballait ses précieuses figurines et... personne ne s'arrêtait.
Me croirez-vous? C'était toujours la même chose: il dressait ses tréteaux, déballait ses précieuses figurines et... personne ne s'arrêtait.
Les badauds qui défilaient le long des baraques et des tentes hâtivement montées ne le voyaient même pas. Leurs regards le traversaient sans manifester le moindre intérêt.
Le temps n'était donc plus aux choses vraies et simples?... Pourtant il fallait voir avec quelle avidité, quelle gourmandise, les gens se précipitaient vers les fromages de Beuil qui fleuraient bon la chevrette nerveuse, vers le pain de Villars doré au feu de bois, le miel du Cians, les tartes à la myrtille de Guillaumes, vers les jambons, saucissons, liqueurs de génépi ou de gentiane, vers les bonbons à la sève de pins des Alpes et les coussinets de lavande et les fleurs sèches de Roubion, Péone, Entrevaux, Roure...
... et le vin blanc de Touët sur Var qui donne envie de s'envoler, oh! para pente!
Les adolescents, eux, fouillaient, ravis, les corbeilles de joggings, tee-shirt et bermudas. Quant aux enfants, ils se ruaient sur de vastes parapluies ouverts épinglés de petits insignes qu'on appelait d'un drôle de nom: des pin's... et qu'ils se montraient l'un à l'autre avec des mines suspicieuses.
Le pauvre santonnier à qui personne ne souriait ne comprenait plus rien: Tous ces gens-là ne s'occupaient donc plus que de nourrir leur corps, de l'habiller, de se distraire?... Et leur âme douce, émerveillée, en quelle gorge obscure s'était-elle perdue?
Vint la dernière foire du dernier village. Il dut se rendre à la raison. Quand il reprit la route, le soir commençait à tomber.
... et le vin blanc de Touët sur Var qui donne envie de s'envoler, oh! para pente!
Les adolescents, eux, fouillaient, ravis, les corbeilles de joggings, tee-shirt et bermudas. Quant aux enfants, ils se ruaient sur de vastes parapluies ouverts épinglés de petits insignes qu'on appelait d'un drôle de nom: des pin's... et qu'ils se montraient l'un à l'autre avec des mines suspicieuses.
Le pauvre santonnier à qui personne ne souriait ne comprenait plus rien: Tous ces gens-là ne s'occupaient donc plus que de nourrir leur corps, de l'habiller, de se distraire?... Et leur âme douce, émerveillée, en quelle gorge obscure s'était-elle perdue?
Vint la dernière foire du dernier village. Il dut se rendre à la raison. Quand il reprit la route, le soir commençait à tomber.
Sept heures sonnèrent au clocher et il fut le seul à remarquer que la petite chanson du carillon s'était brisée net comme si elle se sentait aussi inutile que lui dans le monde.
Le santonnier grimpa dans sa vieille auto fatiguée et se laissa conduire par les lacets à travers les hautes montagnes. Il fit une pause pour admirer le paysage. Une sérénité très haute bleuissait délicatement les sommets caressants leurs ondulations fraternelles. Alors il pensa que le moment pour lui était venu. Avec tristesse mais précaution afin qu'ils ne se cassent pas, il fit rouler ses chers santons sur la pente d'une colline, et l'enfant Jésus après tous les autres, et ils glissèrent entre les troncs des mélèzes, parmi les joubarbes, les centaurées et les rhinantes. Il les écouta jusqu'au dernier frissonnement d'herbe, jusqu'à l'ultime hoquet des cailloux sur la terre puis disparut à son tour...
Mon conte de Noël serait trop triste s'il s'achevait là... prêtez-moi encore une oreille attentive.
Mon conte de Noël serait trop triste s'il s'achevait là... prêtez-moi encore une oreille attentive.
En hiver, lorsque les pistes de ski furent praticables, une petite fille plus attentive que les autres et dont le cœur était plus clair, aperçut, qui trouaient la neige deux minuscules bras levés.


Elle se pencha, gratta, extirpa de sa gangue un Ravi qui continuait à crier sa bonne nouvelle à tous ceux qui n'écoutaient pas.


Elle se pencha, gratta, extirpa de sa gangue un Ravi qui continuait à crier sa bonne nouvelle à tous ceux qui n'écoutaient pas.
Puis elle distingua la tache rouge d'un capuchon! Un berger! Où sont les moutons? se dit-elle. Elle en délivra six, avec leur chien exténué qui tirait la langue, et même une biquette aux pattes fines. Et comme elle cherchait à nouveau, elle découvrit la bergère aux bonnes joues, son agnelet, et le chasseur dont le fusil s'était rompu -tant mieux!- et le vendeur de cougourdons, le rémouleur... Et enfin l'âne éberlué d'une telle aventure, le boeuf dont les naseaux fumaient et les Rois Mages qui ne savaient plus du tout où ils étaient.


Alors, l'étoile fit un accroc doré sur la neige, désignant ainsi la cape bleue de la Vierge. Marie avait gardé la lumière merveilleuse de son regard et Saint-joseph, à peine plus barbu qu'il ne l'était auparavant, remit en place sa houppelande avec un sourire un peu blessé. Elle passa beaucoup de temps -mais elle était patiente- à exhumer tous ces trésors. L'enfant Jésus surtout qui était si petit, si petit...
La veille de Noël, la petite fille -que nous appellerons, si vous le voulez bien, Amandine-fit sa crèche avec tant d'amour que le santonnier reparut. Un peu honteux d'avoir manqué de courage et de foi, il se remit à travailler.
Quand à la petite fille, elle grandit sans jamais perdre sa délicate âme d'enfant. Elle fouillait les caves, les greniers, les boutiques de souvenirs pour sauver les santons perdus.


Alors, l'étoile fit un accroc doré sur la neige, désignant ainsi la cape bleue de la Vierge. Marie avait gardé la lumière merveilleuse de son regard et Saint-joseph, à peine plus barbu qu'il ne l'était auparavant, remit en place sa houppelande avec un sourire un peu blessé. Elle passa beaucoup de temps -mais elle était patiente- à exhumer tous ces trésors. L'enfant Jésus surtout qui était si petit, si petit...
La veille de Noël, la petite fille -que nous appellerons, si vous le voulez bien, Amandine-fit sa crèche avec tant d'amour que le santonnier reparut. Un peu honteux d'avoir manqué de courage et de foi, il se remit à travailler.
Quand à la petite fille, elle grandit sans jamais perdre sa délicate âme d'enfant. Elle fouillait les caves, les greniers, les boutiques de souvenirs pour sauver les santons perdus.
Puis elle hanta les magasins des brocanteurs, des antiquaires, elle fit le tour des santonniers. Elle eut bientôt la plus belle collection du pays, de la France, de l'Europe.
Quand on lui demandait:
-Pourquoi les collectionnez-vous?"
Elle se taisait avec un sourire mystérieux et revoyait ses premiers santons d'enfant sage, ceux qui avaient dormi tout un hiver sous le manteau d'indifférence de la neige et qu'elle avait su réchauffer, un à un, dans ses petites mains."
Quand on lui demandait:
-Pourquoi les collectionnez-vous?"
Elle se taisait avec un sourire mystérieux et revoyait ses premiers santons d'enfant sage, ceux qui avaient dormi tout un hiver sous le manteau d'indifférence de la neige et qu'elle avait su réchauffer, un à un, dans ses petites mains."
Texte d'hélène Galli (Ce texte est protégé par les droits d'auteurs)
Je remercie Madame hélène Galli qui m'a autorisée à reproduire ce si beau conte de Noël. Il pourrait presque être autobiographique et Amandine pourrait être n'importe quelle petite fille... ou petit garçon.
Un grand merci à tous mes fidèles visiteurs et à toutes les personnes qui viennent de s'abonner à la newsletter.
Bien à vous

Je remercie Madame hélène Galli qui m'a autorisée à reproduire ce si beau conte de Noël. Il pourrait presque être autobiographique et Amandine pourrait être n'importe quelle petite fille... ou petit garçon.
Un grand merci à tous mes fidèles visiteurs et à toutes les personnes qui viennent de s'abonner à la newsletter.
Bien à vous
