Histoire avec des santons 2ère partie : L'engrenage
Publié le 28 Mars 2017
cher(e)s ami(e)s,
Pour rappel, je suis en train de présenter la crèche de mon ami Philippe de Belgique qu'il a conçu en imaginant un conte en plusieurs parties.
Le décor de la crèche, les photos et les textes sont de sa création...
C'est l'été...
Un été chaud comme peut en offrir la Provence.
Philou progresse bien dans sa mission grâce aux longues journées.
La nature dégage de puissants parfums qui envahissent la ravissante vallée, où foisonnent la lavande et la garrigue.
Au fil des heures, le soleil devient harassant.
Les oreilles du garçon sont saturées du chant des grillons qui se ventilent en actionnant leurs ailes.
Il s'arrête un instant pour s'éponger le front, avant d'apercevoir un édifice superbe.
C'est l'église Saint-François, qui trône au cœur de hauts cyprès et dont les toitures semblent irradier le paysage sous l'effet de la chaleur.
Il s'approche pour en faire le tour, mais bloque aussitôt devant le parvis dont il admire l'architecture, la porte sculptée et le vitrail en rosace.
Un murmure lui parvient et le décide à pousser la tête dans l'entrée.
Il entrevoit des formes, de dos, noyées dans les bures et surmontées d'étranges tonsures : c'est l'heure de la prière au pied de l'autel, qu'un vitrail ouvragé surplombe.
Par respect, Philou se retire sur la pointe des pieds...
Il découvre alors un cloître adjacent, composé d'élégantes arcades, au travers desquelles se profile un petit village, blotti dans des champs de lavande à perte de vue.
Quel calme, quelle sérénité!
Il savoure la fraîcheur des lieux et est attiré par la jolie chapelle voûtée, dominée par un énorme vitrail blanc.
Seules les aubes rouges des enfants de chœur apportent une note éclatante dans cette atmosphère de pureté et de recueillement.
Philou se pâme... Ce lieu a vraiment une âme...
Un bruissement d'étoffes, suivi de chuchotements, l'oblige à se ressaisir.
Un groupe de nonnes glisse à petits pas dans un froufrou de soutanes, passe à sa hauteur sans le voir et s'éloigne dans le cliquetis régulier des chapelets en bois.
Alors qu'il détaille le toit de la galerie et ses flatteuses colonnes blanches, il est interpellé par des paysans, forts avenants dans leurs beaux habits.
Il apprécie les gestes du couple : munie d'une serpe, elle tranche habilement les bouquets de fleurs, qu'il range soigneusement dans son sac en bandoulière.
"Holà ! Tu es Philou, n'est-ce pas?"
"Mais oui ! Comment l'avez-vous deviné ?"
3Eh bien... Disons que nous le pressentions et admets que cela reste un mystère. Nous sommes chargés de faciliter ton objectif formidable."
Incrédule, il apprend que son itinéraire prévoit de grimper vers la montagne en passant à travers champs et via un petit village.
"Contourne le bâtiment par ce sentier, puis emprunte la grille du fond. Bonne chance !"
"Vrai ? Vrai de vrai ? Merciii !".
Le gosse trépigne, son sang ne fait qu'un tour. Vite, vite, il faut prévenir la cigogne...
"Inouï ! Inespéré !", crie-t-il au vieux mendiant.
Sans hésiter, il pénètre dans l'église et cherche à attraper la corde pour l'agiter frénétiquement.
La cloche finit par retentir à toute volée et sème l'émoi général.
Hilare, rubicond, Frère Loustic s'époumone en voyant virevolter le gamin, tandis que les autres moines ont peine à se contenir...
Au bout de l'autre aile, Mère Supérieure s'étrangle en pleine répétition de chants ; elle fronce vivement le sourcil et lève un doigt menaçant en réaction au rire spontané de l'intrépide Sœur Bémolle, qui s'acharne à monter en gamme pour couvrir le vacarme.
Défoulé, requinqué, Philou lâche tout et détale en direction du magnifique portail qu'il doit franchir...
A l'ombre du clocher, la fidèle cigogne a parfaitement compris le sens de son euphorie.
Elle s'ébroue rapidement, aiguise son long bec contre le stuc rutilant et s'envole, confiante dans sans son rôle d'émissaire auprès des Rois Mages.
Oui, cette fois l'aventure est bien engagée !!!
A bientôt pour la suite