LE RETOUR DU MARCHE (3/4)
Publié le 10 Juillet 2007
Aujourd'hui c'était jour de marché au village d'à côté, les santons ont parcouru les chemins de campagne pour aller se ravitailler en produits qu'ils n'ont pas sur place.Ils étaient partis au lever du jour à la "fraîche", le coeur léger et l'enthousiasme chevillé au coeur sachant qu'au retour, la grande fête à l'aïoli les attendait à la Galinette.
Pour rentrer du marché, oh Bonne Mère, il faut monter la côte et lorsqu'on est chargé et fourbu de fatigue, sous le soleil écrasant et insolent, mieux vaut se mettre en procession pour éviter de perdre quelqu'un d'une insolation !
Voici qu'apparaissent devant vous, les boulangers qui ramènent des fougasses toutes prêtes pour l'aïoli mais également de grands sacs de farine qu'ils sont allés chercher au moulin du meunier pour la fabrication du pain du village.
Cette côte, elle est épuisante pour les hommes et pour les bêtes, les ânes doivent être encouragés dans ce chemin escarpé qui les conduit au village.
Un convoi composé de plusieurs ânes bâtés grimpent en direction de la Galinette, le jeune apprenti boulanger ferme la marche et surveille que tout se passe bien.
A tour de rôle, ils prennent place de part et d'autres des ânes, en fonction des cailloux sur le chemin, mais aussi de l'ombre portée que les bêtes génèrent sur les bas côtés rendant ainsi, le chemin un peu moins difficile.
Comme vous pouvez le constater, les ânes sont des ânes gris, c'est la spécificité des ânes de Provence.
En tête de la procession, Margarido toujours aussi coquette et fière, ouvre la marche assise sur son bourriquet au côté de son mari qui lui est à pied, comme vous pouvez également le constater, ils sont assez peu chargés. Vous remarquerez une fois de plus, l'élégance de ces deux personnages qui les distinguent des autres.
Une vue plongeante permet de voir plus précisément cette longue procession qui remonte en direction du village et de la Galinette notamment.
Margarido montre les premiers signes de fatigue, les "bourgeoises provinciales" sont moins habituées aux longs déplacements sous le soleil. Elle cède peu à peu le pas, aux deux infatigables porteurs de fagots qui, malgrè le poids des ans, ont l'habitude d'arpenter les chemins de garrigue. Derrière eux, le reste des personnages semble heureux d'être ensemble, unis par-delà les consciences à cette terre de Provence.
Oh boudiou, quelle est difficile cette côte.
Dans ce convoi composé d'ânes et d'Hommes, chacun avance à sa cadence dans un ordre plus ou moins différent en fonction de la fatigue ou des discussions entre amis.
Ils croisent sur leur route, des bergers et des bergères (à gauche sur la photo) qui surveillent leur bétail.
En tête de cortège, les musiciens remontent également à la Galinette pour la fête de l'aïoli. Ils en profitent pour jouer inlassablement sur le chemin, des airs entraînants qui donnent du baume au coeur au petit peuple des santons. Dans sa belle tunique bleue et avec son bicorne orné d'une cocarde, le garde champêtre ouvre la marche, il a des messages à faire passer à la population de la part de Monsieur le Maire (vous le retrouverez dans le prochain billet à ce sujet).Cliquer sur cette phrase pour écouter la musique des santons.
En attendant, il accompagne de son tambour le joueur de tympanons (double petits tambours), la femme à la vielle et l'homme à la vielle dont on ne voit que le chapeau et une partie du visage.
Le tambourinaire quant à lui est déjà arrivé au village, il les attend tranquillement. Le porteur de fruits est vaillant mais son âne est un peu fatigué, pauvre bête, il est âgé maintenant et l'homme le ménage, il n'a pas de quoi en acheter un second s'il arrivait quelque mauvaise chose à son bourriquet. C'est lui qui ferme le cortège de cette longue marche en direction du village.
Et durant tout ce parcours qui le sépare de la Galinette, ses pensées vont et viennent au gré des assauts répétés des cigales chantantes, et ses narines se remplissent à chaque respiration de cette merveilleuse odeur de thym et de lavande sauvage qui jalonnent par touffes, le sinueux chemin.
Cette douceur intemporelle qui l'enracine dans le passé de ses ancêtres et lui fait entrevoir l'avenir avec la même immuabilité du temps...
Pour écouter les cigales, cliquez sur cette phrase.Le prochain billet mettra en scène la dernière scenette. Les santons seront enfin arrivés à la Galinette, ils participeront à la fête du grand aïoli...
A très bientôt