Les santons porteurs d'eau : tranche de vie...

Publié le 4 Juillet 2010

Cher(e)s ami(e)s,

Aujourd'hui, je vais vous proposer une petite historiette. Pour mes nouveaux lecteurs que je salue au passage, je tiens à rappeler qu'il ne s'agit pas du tout d'une crèche mais tout simplement d'un décor d'été fait avec des santons achetés, en revanche tous les accessoires (maisons, escaliers, rochers...) hormis les deux fontaines (achetées également) sont faits "maison".

Le garde champêtre annonce l'arrivée de Monsieur le Maire. Le chien accueille le roulement du tambour d'un aboiement familier. Il est pourtant habitué à voir l'homme à la cocarde dans le village mais pour autant il ne cesse d'aboyer à ces "tambourinades".
Monsieur le Maire, le visage affable, arborant l'écharpe tricolore à la taille vient saluer les porteurs d'eau.

Ils souhaitent leur dire que bientôt un canal permettra d'irriguer chaque village et qu'ils n'auront plus à parcourir les chemins pour chercher le précieux breuvage.

Tous se sont figés pour écouter les paroles du Maire, ils n'en croient pas leurs oreilles. Ils s'estimaient être les "oubliés", ceux à qui on ne pense pas mais la création de ce canal va changer leur vie.

Deux colombes se sont posées sur les toits pentus de la fermette, c'est un bon présage pensent-ils.

Le Maire, dans son rôle d'élu, ne manque pas d'enjoliver sa promesse, tous se laissent bercer par ce doux rêve, enfin leurs épaules fatiguées n'auront plus à transporter l'eau d'un point à un autre.

Seul le chien ne semble pas sensible aux propos de Monsieur le Maire, il continue d'aboyer et remue la queue.

Incrédule, la belle porteuse d'eau accueille elle aussi cette information avec les larmes aux yeux.
Je vais enfin pouvoir consacrer un peu plus de temps à aider mon Louis à la ferme, peuchère, avé le travail des champs, les moutons et la fabrication des fromages, on ne sera pas trop de deux pour tout ce travail se dit-elle.

Sous l'appentis, les deux diablotins, canailles rieuses, jouent à cache cache avec un enfant plus âgé qu'eux.

Bien entendu, leur jeune âge ne leur permet pas de mesurer les enjeux de la bonne nouvelle annoncée par le Maire.

Le porteur d'eau interpelle l'élu et lui demande : "Dites Monsieur le Maire, c'est quand qu'il sera fini le canal" ?.
- Oh boudiou lui répond le Maire, d'abord je fais l'annonce et pour les délais, on voit après. Mais bon, pas d'inquiétude, je ferai en sorte d'accélérer les manoeuvres, pour le printemps prochain les travaux devraient démarrer.

Tous sont tellement heureux, qu'ils posent un amoncellement de questions à l'élu qui finit par être tiré d'affaire grâce à Monsieur le curé qui l'entraîne vers la chapelle...
La petite chapelle qui a bien souffert après l'orage du mois dernier, et il faut amadouer le Maire pour qu'il accepte de mettre la main à la poche pour la réparation du toit.
Il sait y faire le curé, du reste, lui seul dans le village tutoie le Maire.
- Dis donc mon bon Archibald, tu te souviens lorsqu'on était enfant, on allait jouer près de la petite chapelle, tu t'en souviens Archibald n'est-ce pas ? Et tu l'aimais bien cette chapelle, je crois me rappeler que quelques années plus tard, c'est bien là que tu as connu Lucie, ta femme.
- Oh, curé, va droit au but, que veux-tu ? Il me semble le savoir mais je veux te l'entendre dire.

Rieurs, les porteurs d'eau les suivent du regard, car eux aussi ont compris que Monsieur le curé tentait de négocier la réparation du toit de la chapelle.

Archibald, c'est-à-dire Monsieur le Maire est un ami d'enfance de François, c'est-à-dire, de Monsieur le curé.
- Bon François, qu'est-ce qu'il a au juste le toit de ta chapelle ?

Ainsi va la vie, paisible et sereine sous ce beau ciel de Provence.

Bonne semaine