La grande crèche d'église de Michel V. de Belgique (dernière partie)
Publié le 14 Mars 2017
Cher(e)s ami(e)s,
Je vous propose de découvrir la dernière partie de la grande crèche provençale exposée dans l'église de Saint-Remacle à Liège..
Pour rappel, les santons de 45cm sont de Michel ainsi que les textes de présentation.
Nous débutons la visite avec la Sainte-Famille.
La Sainte Famille ( la Santo Famiho)
Les personnages bibliques, selon les canons fixés par Jean-Louis Lagnel, le plus ancien santonnier connu ( † 1822) ne portent pas de vêtements à la mode provençale, mais des robes de lévites qui leur confèrent une dignité particulière.
L'attitude de la Vierge est inspirée des œuvres du Moyen-Age. Le modèle est originaire de Syrie. C'est celui adopté dans l'art de l'icône. Par souci de réalisme, Marie est allongée puisqu'elle vient d'accoucher. Elle met l'accent sur la réalité de l'incarnation. Joseph assure son rôle protecteur et la soutient. Ils contemplent l'Enfant qui vient de naître.
L'âne et le bœuf ( l'ase e lou bióu )
Eléments familiers de la crèche, l'âne et le bœuf ne sont pourtant pas mentionnés dans l'Evangile de Luc). Ce sont les sources apocryphes du Pseudo-Matthieu ( qui n'ont pas été retenues comme officielles par l'Église) qui introduisent ces animaux. L'exégèse, c'est-à-dire l'interprétation des textes bibliques justifie leur présence.
Les Rois Mages ( li Rèi Magi)
Arrivés bons derniers à l'étable de Bethléem, des mages venus d'Orient autrement dit de territoires situés à l'Est de la Judée, sont mentionnés dans l'Evangile de Matthieu. Ils sont prêtres et astrologues et détenteurs de pouvoirs occultes. Ceux-ci étaient à l'origine des sages. Ils représentent la manifestation aux gentils.
Ils symbolisent les trois âges de la vie, les trois continents connus à l'époque et l'allégeance des puissants.
A noter qu'il n'existe pas de tradition fixe entre les noms des Mages et l'attribution de la race.
Voici, celle qui dans la tradition provençale, est la plus communément admise.
Gaspar, vieillard à la longue barbe blanche, apporte l'or au nom des peuples européens parce que Jésus est roi. La symbolique de l'or est liée à l'alchimie.
Balthazar ( Bautezar)
Homme d'âge mûr, apporte au nom des peuples sémites la myrrhe, résine odorante extraite du balsamier, signifiant que le Sauveur est appelé à mourir puisqu'il s'est fait homme. Son offrande est liée à la magie et valait dans l'Antiquité sept fois le prix de l'or.
Les princes des Baux-de-Provence prétendaient descendre de Balthazar. Ils avaient pour blason l'étoile à seize rayons qui figure au-dessus de l'étable et pour cri de guerre : " Au hasard Balthazar".
Melchior ( Merquioun)
Le Roi Maure représente la jeunesse et l'Afrique. Il apporte l'encens. Cette résine aromatique extraite surtout du boswellia affirme la divinité de Jésus. Son présent par son pouvoir volatile est lié à l'astronomie et l'astrologie qui ne formaient qu'une seule discipline dans l'Antiquité.
Les anges ( Lis angi)
Messager de Dieu d'abord auprès de la Vierge ensuite auprès des bergers, l'ange Gabriel vole au-dessus de l'étable. Des angelots veillent sur le sommeil du Messie.
La jeune bergère offrant l'agneau ( la jouino pastresso fàsent l'infèrto de l'agnéu)
La coutume d'offrir un agneau symbole de l'innocence et rappel de la Passion à l'Enfant de la crèche se perpétue aux Baux de Provence depuis le XVIe siècle. La fillette est vêtue d'une tenue très pauvre que portaient les paysannes provençales du premier quart du XIXe siècle : un corsage sommairement matelassé sur une chemise a listo et un jupon de travail composé d'un ensemble d'étoffes récupérées sur des vêtements usagés, le jupon pièce sur pièce, lou cotihoun peço sur peço. Malgré la simplicité du costume, on relève quand même un souci d'harmonie.
La fileuse ( la fielarello)
Jeune femme inspirée d'un dessin daté de décembre 1838, elle porte le costume du Comtat Venaissin, région comprise entre Avignon, Valréas et les pentes du Mont Ventoux : chemise à encolure carrée, corsage de velours, jupon piqué et fichu en tissus d'indienne. Elle est coiffée "à la grecque". Son bonnet rappelle le port du bonnet phrygien. Il repose sur une coiffure très complexe et savamment ordonnée.
La fileuse est souvent associée au berger. Elle figure déjà vers 1540 dans la plus ancienne crèche d'église de France à Chaource, en Champagne. Sa quenouille à la main, elle file la laine en gardant les troupeaux. Dans son tablier, elle a amassé la toison qu'elle récupère progressivement. (Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Le vannier ( lou panieraire)
Représenté jeune et souvent assimilé à Vincent, l'amoureux malheureux de Mireille, le vannier propose sa marchandise et ses services. Ce petit métier itinérant avec lequel on ne faisait pas fortune était autrefois très utile et ses articles de première nécessité dans toutes les classes de la société pour transporter les denrées, objets divers et les produits des champs. Vêtu très simplement il porte comme le petit pêcheur le bonnet de laine rouge des gens du littoral méditerranéen.
La femme au fagot ( la bouscatièro)
Femme âgée, courbée par le travail et par les ans, elle appartient au pauvre monde. Elle est vêtue d'un costume de paysanne. C'est un des santons les plus populaires qui illustre à merveille la vie d'autrefois. Elle apporte un chaudron et une offrande toute simple, mais combien précieuse : du bois mort ramassé dans les collines qui va apporter lumière et chaleur à l'Enfant.
Si vous voulez voir cette crèche en vidéo, voici le lien.
Ce lien est intéressant car les photos rendent moins bien que la vidéo.
Si vous aussi avez apprécié cette crèche n'hésitez pas à laisser des commentaires qui seront lus et appréciés par l'auteur de cette remarquable crèche.
Je vous rappelle qu'il s'agit de bénévolat et le montage de cette crèche hors norme, vous vous en doutez bien a nécessité de nombreuses heures de travail pour le montage.
Je te remercie infiniment Michel pour le partage de tes photos et de ton immense culture provençale.
A bientôt