EVOLUTION DES CRECHES ET DES MODES DE CELEBRATION DE LA NATIVITE
Publié le 22 Avril 2007
EVOLUTION DES CRECHES ET
DES MODES DE CELEBRATION DE LA NATIVITE
Les crèches provençales s'inspirent des célébrations diverses qui se sont succédées au fil du temps mélangeant à la fois le païen et le sacré.
En premier lieu il y eut les chants de Noêl (Li Nouvé) qui donnaient des descriptions de la Nativité: étable, enfant Jésus et ses parents.
De nombreux chants de Noël sont écrits sous la forme d'une conversation. Les bergers et les gens du peuple y parlent un savoureux dialecte marseillais. Les anges et les rois Mages, qui sont des personnages plus nobles, s'expriment en français. Ils complimentent Marie et Joseph. Dans ces chants ce sont les bergers qui chantent.
Les plus célèbres ont été écrits par Nicolas Saboly au XVII ème siècle et sont passés dans la tradition populaire.
Les spectacles vivants
Les spectacles vivants
Les crèches parlantes, illustrant les chants de Noël, sont apparues au XVIII siècle. Il s'agissait de personnages qui évoluaient grâce à des ficelles ou des mécanismes actionnés par des acteurs ou des machinistes. Ces crèches qui mélangeaient à la fois le profane et le sacré connurent un grand succès auprès du public. La Nativité donna lieu à des interprétations qui pourraient nous surprendre aujourd'hui par leur côté burlesque et les nombreux anachronismes.
Ces crèches parlantes disparurent au début du XX ème siècle.
Les pastorales très à la mode au XVIII ème siècle sont des manifestations complètement différentes même si elles trouvent elles aussi leurs sources dans les chants de Noël. Ce sont de véritables spectacles avec des mises en scène qui contrairement aux pastrages se jouent hors des églises. La Pastorale c'est l'annonce faite aux bergers (li pastre d'ou le nom de pastorale) de la naissance du Christ par l’ange Gabriel, qui préviennent à leur tour les villageois.
La pastorale s'inspire également des santons (appelés santoun en provençal) autrement dit petits saints représentant la Nativité dans les églises tout d'abord, puis dans les familles aisées et progressivement dans toutes les familles, avec l'apparition du santon en argile, pour mettre en scène la Nativité avec tous les personnages familiers des chants de noël accourant devant la crèche chargés de leurs présents. Ce mode de représentation de la naissance du Christ est à l'origine de la pratique actuelle de la crèche familiale.

La plus célèbre des pastorales du XIX ème qui se joue encore aujourd'hui est celle d'un ouvrier miroitier de Marseille: Antoine Maurel, membre du cercle Catholique d'Ouvriers. Elle est connue sous le nom de « Pastorale Maurel ».
Cette pastorale comprend 5 actes et met en scène plusieurs personnages qui deviendront les incontournables des crèches actuelles. Ils sont du reste confectionnés par pratiquement tous les artisans santonniers.
Au premier acte, l'action se situe sur les monts de Judée. Les bergers dorment auprès de leurs troupeaux lorque retentit le choeur invisible des anges. L'ange Gabriel annonce aux bergers la naissance du Messie. Les bergers s'en vont répandre la nouvelle et d'autres personnages apparaissent. Voici Barnabé le meunier, le Bohémien qui inspire une certaine crainte et son fils Chicoulet, Pimpara le rémouleur avec sa meule et son flacon de vin, Pistachié le valet de ferme, Giget le bègue, l'Aveugle qui pleure son fils disparu.
Au deuxième acte on assiste au réveil d'autres personnages plus âgés ceux-là et donc plus lents à se mettre en route. Ce sont Jourdan et sa femme Margarido toujours en train de se disputer et Roustido leur ami.
Le troisième acte se déroule dans une auberge où les personnages font une halte pour se reposer à l'exception de Margarido qui décide de continuer le voyage sur un âne. Au cours de cette scène Pistachié voulant faire boire un âne tombe dans un puits et tous les personnages restés à l'auberge sont sortis pour le tirer de cette fâcheuse posture. Pendant ce temps, le cortège constitué par les rois Mages se met en route.
Le quatrième acte se situe dans le palais du roi Hérode dans lequel les rois Mages font une halte. Cet acte n'est pas toujours joué dans la pastorale.
Le dernier acte met en scène l'arrivée de tous ces personnages devant la crèche et l'offrande par les bergers de leurs modestes présents. Des miracles s'accomplissent; Jourdan et Margarido se réconcilient, Giget ne bégaye plus, l'Aveugle retrouve la vue et son fils Chicoulet que le Bohémien avait enlevé. Puis les rois Mages font leur arrivée devant la crèche où s'arrête l'étoile. Des serviteurs apportent leurs présents.