Site sur les santons et les crèches. Pour tous les "santounophiles" d'ici et d'ailleurs...
La crèche languedocienne d'Hélène de Montpellier
Publié le 9 Janvier 2020
Cher (e)s ami (e)s,
Et oui ce n'est pas une erreur, je vous présente la crèche d'Hélène, une autre passionnée qui est aussi de Montpellier.
Celle-ci représente le Languedoc.
Elle mesure environ 170 cm de large sur 120 cm.
Hélène a imaginé une petite histoire autour de sa crèche, les photos et les textes qui vont suivre sont donc de sa création qui s'intitule Noël à la Nadière.
La Nadière et son étang
Imaginez, aux portes de Narbonne, ces étendues où la terre et l'eau s'entremêlent, s'enlacent : les étangs littoraux. Imaginez l'un des plus grands et au milieu des îles : l'île de l'Aute, Planasse et la plus petite, La Nadière… Pourtant ce confetti de 5000 m², posé près du port de La Nouvelle et du littoral où l'on exploite le sel, est la seule île habitée de l'étang de Sigean, reliée aux salins de Sainte-Lucie, comme par un cordon ombilical, par une passerelle de bois sans cesse détruite par les tempêtes, sans cesse reconstruite. Sur le petit îlot rocheux très peu de végétation, quelques tamaris, pas d'eau douce. C'est pourtant là qu'en 1836 sont venus se réfugier des pêcheurs de Gruissan et leur famille chassés de leur village par une épidémie de choléra. Car l'île est située dans un lieu de passage et de capture du poisson (anguilles, loups, dorades, soles, muges). Rapidement, les pêcheurs ont organisé une pêche collective, ont placé des barrages, se sont partagé les eaux. Néanmoins la vie est dure à La Nadière, on y est isolé du reste du monde par les eaux d'un étang capricieux, l'espace est restreint, en l'absence d'eau douce pas de possibilité de cultiver un jardin, sans compter la promiscuité, les femmes ne quittent l'île que pour aller vendre le poisson à La Nouvelle, en ramener les vivres et l'indispensable eau douce.
En ce soir du 24 décembre, le cers qui soufflait sur l'étang a poussé tous les nuages vers la mer puis, à l'approche du soir, il a beaucoup faibli. Une paix profonde règne sur l'étang. Les bettous à l'amarre tirent mollement sur leur corde au rythme de la faible houle de l'étang tandis que les autres rentrent vers l'île.
Aymes qui est allé vérifier le barrage de filets dirige son nègafol à la partègue,
les Astruc rentrent à la voile...
et les Azaïs père et fils à la rame.
On n'entend que les cris des mouettes omniprésentes sur l'étang.
Immergés dans cette sérénité, Fernand ramande tranquillement ses filets
tandis que Léon repeint la coque de son bettou
Cachés par les filets qui sèchent, deux garnements exercent leur habilité à la fronde au détriment des mouettes et des goélands.
Dans la maison en ruine Julie fait la lecture à son copain Marcel.
Tout en papotant, Sidonie et Philomène préparent la bourride d'anguilles surveillées de près par les chats attirés par l'odeur
L'Augustine, apostrophe son homme qui somnole devant sa porte : - Et alors, tu crois qu'ils vont se réparer tous seuls les filets !
Des cancanements courroucés font écho à ces criailleries : Pascaline et son fils qui exploraient les hautes herbes de la berge à la recherche d'un nid de canard où prélever des œufs pour l'omelette du repas du soir viennent de trouver ce qu'ils espéraient mais le colvert et sa cane défendent la ponte à grands cris et force coups de bec dans les mollets des pillards.
Ce désordre dérange les flamants roses dans l'anse voisine, quelques uns s'envolent...
Soudain un braiment désespéré force Fernand à lever la tête de son ouvrage :
- Macarel ! jure Fernand estomaqué, mais d'où ils sortent ceux-là ! Un homme, bizarrement vêtu tire son âne sur la passerelle, une femme les suit. Des étrangers ! A La Nadière !
Au même instant, Philomène touche le bras de Sidonie et s'écrie :
- Mais… Dis-moi que je rêve… on dirait un âne ! Et que non, je rêve pas… c'est un âne ! Ils ont un âne avec eux ! Mais ils vont nous l'escagasser de nouveau la passerelle, maintenant qu'elle est réparée !
L'étranger est maintenant près de Fernand, on se parle avec les mains, pas facile de s'expliquer ! Pourtant Fernand finit par comprendre en voyant la femme grosse qu'elle est à son terme et que ces visiteurs demandent un asile pour la nuit. Fernand se gratte la tête de perplexité tandis que Philomène qui, de loin, a tout compris, prend les choses en mains.
Sidonie a raconté l'affaire à Célestine qui, bien sûr, s'est empressée de la rapporter à l'Angèle de Aymes qui l'écoute cape au vent, son niston sur le bras :
- Tu te rends compte, un âne… ! Si tu l'avais entendu bramer cette pauvre bête, je crois que ses cris sont arrivés jusqu'à La Nouvelle ! et un couple, ils cherchent un endroit pour se reposer, la pauvre femme est sur le point d'accoucher, on ne pouvait pas les laisser là avec la nuit qui tombe, on les a installés dans le hangar à bateau, ils seront à l'abri du vent et sûrement mieux là que dans nos maisons trop petites !
L'Angèle a une idée, les Aymes ont une chèvre qu'ils ont achetée quand Angèle n'a plus eu de lait pour nourrir le gamin qui leur est né il y a un peu plus d'un an. Coup de chance, une pêche miraculeuse avait permis cette acquisition sans laquelle le petit serait peut-être mort de faim. Émilie, son aînée va amener la chèvre aux étrangers, si c'est pas pour le lait, au moins, avec l'âne, elle leur tiendra chaud !
Et c'est ainsi qu'à minuit, sur un lit de vieux filets de pêche, Marie, l'étrangère, met au monde un garçon. Telle une souris, Émilie Aymes s'est faufilée près de sa chèvre et contemple l'enfant avec ravissement. L'île n'est pas grande, la nouvelle en a vite fait le tour. Tous veulent voir le nouveau-né…
Tous, peut-être pas : le père Boucabeille est resté cloué par ses rhumatismes à son banc de pierre devant sa porte et
un gamin profite de l'inattention générale pour s'installer sur la passerelle avec sa canne à pêche.
Les autres sont devant le hangar, la mère Astruc apporte l'indispensable eau douce et la mère Aymes une miche de pain. Antoine, le pêcheur pécheur qui court les filles et a beaucoup à se faire pardonner vient déposer ses plus belles prises dans un grand geste d'offrande. Venu des salins de Sainte-Lucie par la passerelle, un homme de bronze à la peau cuite par la réverbération du soleil sur le sel amène sa banaste d'or blanc.
Les autres sont devant le hangar, la mère Astruc apporte l'indispensable eau douce et la mère Aymes une miche de pain. Antoine, le pêcheur pécheur qui court les filles et a beaucoup à se faire pardonner vient déposer ses plus belles prises dans un grand geste d'offrande. Venu des salins de Sainte-Lucie par la passerelle, un homme de bronze à la peau cuite par la réverbération du soleil sur le sel amène sa banaste d'or blanc.
Sur le toit de tôle du hangar, c'est un goéland qui tient le rôle de l'ange Bufarèl. Ses cris annoncent-ils la naissance de Jésus ou seulement sa convoitise pour les beaux poissons d'Antoine ?
Venus par bateau jusqu'à Port-La Nouvelle, les Rois mages ont ensuite emprunté la passerelle pour atteindre l'île et se recueillir devant l'enfant Jésus.
Une crèche vraiment très originale avec de jolis décors et des santons qui sont des pièces uniques.
J'ai énormément apprécié cette réalisation et l'histoire.
Un immense merci à Hélène pour cette belle participation à la ronde des crèches.
Si vous avez apprécié, n'hésitez pas à laisser un commentaire sous cet article, cette ronde est un moment de partage pour nous les santounophiles.