Sauvons le Musée du terroir marseillais
Publié le 19 Avril 2017
Cher(e)s ami(e)s,
Dans un billet précédent j'évoquais avec tristesse le risque de fermeture du musée du terroir marseillais faute de subventions.
Depuis l'été dernier ce Musée n'ouvre plus que sur rendez-vous.
Pour vous inciter à y aller et pour ceux qui le peuvent à le soutenir, je vous propose de regarder ce deuxième billet avec des photos des trésors qu'il renferme.
Cette partie est consacrée à la collection des santons et des crèches riche d'un bon millier de pièces.
On peut y admirer des pièces rares, des santibellis. "Un santibelli était autrefois une figurine à usage domestique, une statuette qui reproduisait en réduction les effigies visibles dans les églises".(Régis Bertrand -Santibellis Figurines de Provence).
Pour approfondir vos connaissances sur les santibellis je vous recommande le livre très intéressant de Régis Bertrand.
Cette collection comprend les moules de Jean-Louis Lagnel (1764-1822) qui le premier inventa le moule de plâtre dans lequel il allait multiplier ses réalisations, rendant ainsi le santon plus accessible au public car vendu moins cher. Ses moules ont été repris par un grand nombre de santonniers.
Des santons en papier mâché.
Des santons de Marthe Barbaro la nièce de l'abbé Sumien (1858-1934). Ce dernier vers 1905 environ précise Pierre Fontan dans "la crèche provençale", avait repris la confection, abandonnée depuis un demi-siècle, de sujets habillés d'étoffe". Il reproduisait avec minutie les costumes de l'époque suivant leur métier, leur sexe...
Des santons musiciens (argile crue Léon Gaubert) avec de droite à gauche, le joueur de tymbalons, la joueuse de vielle et le joueur de cymbales.
A côté le tambourinaire de Fernand Volaire.
Des crèches en liège de François Garoutte (Marseille 1813-1895). Bouchonnier de métier, il préféra se tourner vers la fabrication de crèches en liège. Ici avec des santons de L. Simon.
Elzéard Rougier dans son livre la ville des santons en 1927 disait que "Garoutte ne ciselait que des créchettes ; il est le papa des santonnets et des plus menus que nous connaissions". Il écrivait également qu'il y a "à peu près cent ans, dans chaque famille à demi-cossue, on voyait une créchette, sous globe de Garoutte".
Selon Pierre Fontan dans " la crèche provençale" le mérite de François Garoutte "est d'avoir, sans doute le premier, pensé à s'insprier du style architectural provençal dans la forme des maisonnettes et leur groupement en village".
Elzéard Rougier rajouta aussi que "ces créchettes se font rarissimes". Inutile de vous préciser la colère qui peut être la nôtre quand on sait que des crèches de Garoutte figuraient aussi dans la collection de l'ex-musée du Vieux Marseille qui a fermé ses portes et dont les objets se trouvent enfouis actuellement dans les réserves des musées de Marseille donc inaccessibles.
Crèche et santons de L. Simon (1845-1916) fils cadet d'Antoine Simon (1803-1857). Il est devenu célèbre avec la fabrication des santons d'argile cuite qu'il exécuta dans le dernier tiers du XIXe siècle.
Des crèches de Paul Pontet (1914-1987) santonnier amateur, spécialisé dans le mini "santon-puce" en argile crue. Il utilise des supports originaux comme ici une coquille de noix, crèche de 1978.
Des santons de Simone Jouglas (1907-2001). Inspirée par les santons habillés de l'Abbé Sumien, elle s'est lancée dans la fabrication des santons habillés de la crèche. Ici les santons de Margarido et M. Jourdan.
Des santons de pierre Graille (1915-2014). Il a appris à faire des santons dès l'âge de 7 ans au contact de l'Abbé Sumien. Il est devenu célèbre après avoir santonnifié une partie des habitants du village de Grambois dans le Vaucluse pour la crèche paroissiale. Ici il a santonnifié Jean-Baptiste Julien Pignol fondateur du musée du terroir marseillais.
A ses côtés on aperçoit une fileuse d'Emilie Puccinelli.
Des santons et des accessoires de René Pesante (1921-2011). Il a débuté son apprentissage à l'adolescence chez Valentin Junoy.
Des moules en plâtre de Madeleine Guinde ( 1866 - 1962), Régis Bertrand dans son livre intitulé "quand les santons entrent au musée" indique qu'elle est née à Marseille en 1866 (page 65 du livre).
Les santons de Raymonde Martin (1887-1977). Sculptrice à Marseille, elle a reconstitué dans les moindres détails le "gros souper" que l'on prenait avant d'aller à la messe de minuit (pour ceux qui ne l'ont pas lu voir l'article sur le gros souper ICI
Les santons de Jeanne Julien.
Des santons des sœurs Gastine, Marguerite et Lyda se sont inspirées de la tradition des faïenciers du XVIIIe siècle, en particulier avec des petits sujets de Moustiers, très riches en détails.
On peut voir au premier plan des santons de Thérèse Neveu et Devouassoux.
Au fond le meunier sur l'âne est un santon Gastine, devant la femme au tablier blanc est un santon de Devouassoux et les deux personnages à côté, Taven et Margarido sont des santons de T. Neveu.
Des santons en argile crue de Léon Gaubert (1863-1918).
Vous trouverez des photos des santons et des crèches de ce musée dans ce petit catalogue.
Je ne vous ai présenté qu'une petite partie de la collection de ce musée pour vous donner envie de le visiter, sur rendez-vous : Musée du Terroir marseillais 5, place des Héros, 13013 Marseille. Tél : 04 91 68 14 38.
Ce musée dispose aussi d'un hôtel qui lui est ouvert toute l'année composé de 7 chambres. Si vous habitez loin cela peut vous permettre de visiter le musée tout en passant un sympathique week-end ou plus.
Vos visites permettront de l'aider financièrement parce que pour reprendre les propos de Miche " C'est un scandale et une véritable honte que l'on fasse fi de l'héritage légué par nos anciens pour la transmission des traditions".
Pour finir une vidéo de l'équipe travaillant dans ce musée.
A bientôt