La crèche 2017 de Monique: un jour en Gasconnha: Louise (2/4)

Publié le 13 Mars 2018

Cher(e)s ami(e)s,

Je vous propose de découvrir la suite de l'histoire de Monique. Pour rappel, cette dernière est une véritable artiste qui créé entièrement tous les bâtiments de sa crèche.
Elle a aussi imaginé cette histoire qui se déroule en Gascogne.

La crèche 2017 de Monique: un jour en Gasconnha: Louise (2/4)

Dans une de ses lettres Estébèno se souvient avec nostalgie de Dourakine, un personnage truculent qui dit être général russe. Avec ses plaisanteries excessives et ses vantardises c’est un gascon plus vrai que vrai. Sa bonhommie attire la sympathie il se fait remarquer à l’Estanquet où il répand sa gourmandise de la vie.

Célibataire il a un petit poulailler derrière le village et vend ces œufs sur les marchés environnants. Il crie pour attirer les clients avec son accent qui chante et roule sur le pavé de Péchac :

« auan lous ouenous ! en auans la doutzeno ! En ouens lous ouenous ! n’ei la paireto pteno ! qu’en auen per tots lous gous. Per las bronos e las bloundos, e per las roundos ? »

Une fois par mois il y a le marché aux bestiaux, chèvres, moutons, cochons, vaches, le père Soulan y vend la vermeille . Il est parti à l’aube sur les chemins chaotiques et boueux, toute une aventure ! Arrivé au foirail, il installe sa vache à l’endroit réservé et attend.

Le paysan vêtu de sa blouse bleue toute propre est aux prises avec un maquignon avec son chapeau de feutre. C’est lui qui mène la danse, tâte les jarrets, les cornes, soulève la queue avec des airs supérieurs,

-c’est trop mon brave, 800, pas plus ! regardez elle a les mamelles molles !

-mais sur le marché de Fleurance les vaches valaient plus que ça ! le père Soulan s’agite, lève les bras au ciel…. hildoputo (Crapule en langage choisi) !…

Le maquignon tourne les talons, faisant mine de partir, revient en tirant un carton de sa poche, il inscrit un prix :« à prendre ou à laisser » le paysan tape dans la main de son acheteur et la vente se conclut à l’Estanquet.

L’auberge du village, l’Estanquet est pleine à craquer, vendeurs , acheteurs, curieux, villageois et paysans qui avec le produit de leurs ventes achètent, huile, café sucre, etc en ville. Les jours de foire tout est source d’attraction y compris et surtout « lou perilloun de péchac ».

Tout dépenaillé, coiffé d’un béret il pousse la chansonnette à tous les coins des rues, pour recueillir quelques pièces. C’est dur de trouver des paysans qui l’acceptent pour travailler, les cagots font toujours peur avec leurs relents de peste. Aussi il rode autour des marchands qui lui donnent du bout des doigts les invendus. Cette terrible ségrégation est tenace mais dans le village on est solidaire malgré tout. Les plus simples, les déshérités ont leur place, on les protège, ils appartiennent à la grande famille du village.

La métairie de pèle bise est une borde comme on en voit dans le Sud Ouest, à gauche la partie agricole et à droite la partie habitation avec son puits au milieu de la cour. On y pratique la polyculture qui a pour but de pouvoir à tous les besoins des habitants de la ferme, pauvres et isolés, rivés à leur terre. Elle est entourée de champs réservés aux céréales et au maraichage.

Le père d'Estébèno, comme tous les vieux paysans, le dimanche après la messe, éprouve le besoin de faire le tour du champ qu’il n’a pas quitté de la semaine. Une luzernière, un arbre chargé de fruits, éveille dans son esprit un monde d’images, d’idées, de souvenirs, et parle à son cœur. La terre est son ami et il ne peut rester un seul jour sans la voir. La vieille et touchante amitié de l’homme et de la terre qu’elle soit gasconne ou provençale.

Ma grand mère Marietto, une Mountagnol rude à la tache, était venue d’une vallée des Pyrénées poussée par la misère, avec son mari. Elle est souvent habillée de bleu comme les femmes de son pays. Ils sont tous les deux domestiques à la borde de pèle bise, ce qui les met un rang au-dessus des servantes et valets de ferme. L’élevage des volailles y est capital et en particulier les oies.

La fin de novembre, parfois au début décembre, commençait le travail du gavage on faisait ce travail avec un entonnoir et une cheville en bois pour faire descendre le maïs. Au bout de dix-sept jours le foie devait être fini. A pèle bise on a son ”secret” pour avoir toujours les foies les plus beaux, mais souvent il n’y a aucun secret ! mais qu’il est important de connaitre les animaux pour le gavage. Une bonne gaveuse ne donne à l’oie que ce qu’elle peu supporter.

L’élevage du porc aussi est primordial, pour la charcuterie et le saindoux.

La morte saison voit le sacrifice du cochon, les voisins viennent pour assister le pèle porc, aider à la confection de la charcuterie et au découpage du saindoux, seule matière grasse utilisée pour la cuisine. Le système d’échange de produits et de travail permet d’assurer la survie de tous. Cette année là, Marietto ne touche pas à la viande se contentant d’entretenir le feu et de transporter les ustensiles. Tout le monde sait pourquoi ! Les superstitions planent. Quelques jours par mois, les femmes sont accusées de tous les maux : faire tourner la viande, les sauces, faire crever les cerisiers quand elles montent dessus…alors elles ne touchent pas ces choses là.

L’élevage bovin est peu répandu, les bons pâturages étant rares en Gascogne, mais à pèle bise, il a un taureau qui satisfait toutes les vaches des alentours...

A Bientôt